A la recherche de documents

Bigre ! Qu'il faisait froid en ces lieux ! Ce n'était pas non plus l'accablante froideur de l'enfer lunaire mais tout de même ! Quand la servante s'enquerrait d'allumer un feu, Athanasios ne put s'empêcher de glisser un discret : Dieu soit loué !
Puis Dame Joshin fidèle à sa formation martiale demanda de quelle façon procéder.

joshin a écrit:

- Bien, par quoi commençons-nous?

Je ne sais Dame Joshin. N'étant pas familier des lieux j'aurais tendance à répartir la tache avec une zone de recherche par personne.

Pendant ce temps Mankel était déjà parti à la pêche aux ouvrages poussiéreux. Cet enthousiasme amusa et toucha le Grec.
Il savait qu'avec cette sorte d'équipe il trouverait bien assez tôt les réponses à ses questions.

Il y avait de la poussière, il y faisait froid... Elle avait un peu honte, elle devait apparaître comme une bien piètre maîtresse de maison. Mais il est vrai que celà faisait déjà quelque temps qu'elle n'était venue en ces lieux, car c'était trop souvent un peu douloureux pour elle de se plonger dans les documents d'une famille qui avait connu tant de malheurs.

Après tout, qu'importait? Ils étaient là pour une raison précise, et pas pour faire étalage de mondanités. Elle répondit:

- Oui, vous avez raison, chacun d'entre nous va se s'occuper d'une zone délimitée.

Et c'est ainsi que les recherches commencèrent.
Avant de se plonger dans la pile de parchemins qui lui avait été assignée, elle retint la servante et lui murmura quelques mots: il se faisait tard, il convenait de se préoccuper du gîte et du couvert pour le visiteur. Qu'au moins l'accueil soit digne des Riveroy.

C'était donc parti pour la chasse aux documents. Poussière par-ci, reliure par-là, titres énigmatiques, mais rien pour l'instant qui touchait de près ou de loin à la correspondance des Riveroy.
Il était impressionné par le nombre de livres et de documents. Ce n'était pas toutes les familles qui pouvaient s'enorgueillir de posséder une telle mine d'histoire et de savoir.
Dans un coin se trouvait un livre intitulé "La Chanson d'Antioche". Le chasseur d'archives ne put s'empêcher de l'ouvrir. Ce qu'il y trouva était époustouflant.
Une illustration retraçait le siège d'Antioche par les croisés. Ces évènements sanglants prenaient une dimension toute esthétique. On avait l'impression de littéralement plonger dans le livre et de vivre ces évènements.
Le maitre enlumineur avait fait un travail d'une extraordinaire beauté et Athanasios avait du mal a détacher ses yeux de cette page enchanteresse. Pourtant il se reprit et continua les recherches, en lançant un succinct : Rien à signaler par ici !

Le temps semblait se suspendre pour le Byzantin. Celui ci attendait de voir si Mankel ou Kalwynn allait se saisir du document et l'inspecter mais ils n'en firent rien. Alors littéralement possédé par la curiosité et ne pouvant plus attendre un seul instant, Atha s'approcha rapidement de Joshin.

Il saisit le document et en fit la revue de long en large, même en travers sait-on jamais ! Puis il resta figé pendant une minute entière.

Ce ne peut être ça !!!

Il se replongea encore une fois dans le document, tant il ne voulait pas se méprendre. Mais tout concordait, les personnes, les dates les prénoms .... Tout devenait clair !

Il s'adressa alors au groupe sans témérité toutefois car la nouvelle qu'il allait annoncer risquait de changer bien des choses.

Ce que je vais vous annoncer ... dit il avec prudence. Ce que je vais vous annoncer, vous disais-je, est une hypothèse sérieuse mais cela ne reste qu'une hypothèse. Je tiens donc à ce que vous me donniez vos avis.

Il prit son souffle et commença son explication.

Dans cette lettre votre ancêtre Arsios s'adresse à une personne dans l'Empire Byzantin qu'il nomme son frère. Ce frère d'Arsios s'appelait Yannis ... et .... on apprend dans cette lettre des choses peu reluisantes sur ce Yannis. Par contre il avait un fils du nom de Jean. Vous avez donc de la famille byzantine.
Mais il y a autre chose ... il se trouve que mon grand père, l'homme par qui je suis venu ici, se prénommait aussi Jean.
Je fait donc l'hypothèse que nous appartenons à deux branches d'une même famille.
Bien sûr c'est une hypothèse osée et je pourrais comprendre votre étonnement ... je ne sais que rajouter ...

Il tendit à son tour le parchemin et ajouta : Qu'en pensez vous ?

L'Athonite répondit calmement à Joshin alors même qu'en lui tout n'était qu'agitation face à cette révélation :

Et bien je suis conscient que tout cela puisse paraître, aux premiers abords, tiré par les cheveux. Mais plusieurs éléments coïncident.
En premier lieu le parchemin que mon grand père m'a transmit. Parchemin parlant de généalogie, à la fois en Grec et en Francoys. Parchemin également où figure le nom des Riveroy. Le lien est donc établi.
En second lieu, les dates qui coïncident toutes entre les différentes générations de nos familles respectives.
Enfin ce document très explicite.
Oui je le crois profondément mon grand père Jean est celui dont il est fait mention dans cette lettre.
En effet quelle serait la probabilité qu'un Jean, prénom pas utilisé à Constantinople, qui correspond au niveau des dates à l'enfant de la lettre et qui possède en plus un document avec le nom Roveroy; quelle est la probabilité donc qu'il ne soit pas le même Jean de la lettre ? Cela me semble impossible que ces deux Jean ne soient pas en réalité un seul et unique. Mon grand-père.

Il marqua une pause et poursuivi.

Néanmoins nos branches respectives de la famille semblaient en froid ... Et je comprendrais que vous ne souhaitiez pas aller plus en avant dans un rapprochement.