Visite de Kalwynn

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Depuis des jours et des jours, la pluie n'en finissait pas de tomber, sans qu'il fasse aussi froid qu'on aurait pu l'attendre en ce temps de l'Avent. Mais celà donnait aux champs et aux bois qu'elle apercevait de sa fenêtre un air désolé qui la rendait encore plus triste.
L'humidité s'insinuait partout. Grâce au ciel, le bois ne manquait pas au domaine, et elle avait fait préparer un bon feu dans le petit salon où elle se tenait le plus souvent.
Aujourd'hui, elle voulait que la pièce soit accueillante, car elle allait avoir de la visite. Elle avait reçu une missive de messire Kalwynn, et attendait sa venue.
C'était le Maitre des Faucons de l'Est, et elle le côtoyait souvent en caserne. Ils avaient d'ailleurs fait ensemble la campagne de Champagne. Elle appréciait cet homme parfois un peu taciturne, mais qui avait de grandes qualités. Sa droiture et son investissement au sein de l'Ost étaient remarquables. Parfois même, à l'occasion d'un débat à l'EM ou d'une discussion en taverne, il lui rappelait par bien des cotés feu son époux, par sa sincérité et son souci des autres.
Le courrier qu'il lui avait fait parvenir était assez laconique, et elle se demandait ce qui motivait sa venue. Un souci au sein de l'Ost, peut-être? Ou bien les préparatifs de mariage de la Baronne, qui les occupaient tous deux à divers titres? Mais il était surprenant qu'il vint ainsi au domaine.
Elle jeta un coup d'oeil distrait par la fenêtre, et reprit sa broderie. Le garde avait eu des instructions, elle espérait qu'il ne ferait pas d'observations incongrues. Depuis le décès du maître, il se laissait parfois aller à des plaisanteries qui n'étaient certes pas méchantes, mais qu'il ne se serait peut-être pas permis de son vivant.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kal avait suivi le chemin énoncé par le vieux garde « tout droit puis avant le labyrinthe végétal c'est la pièce a droite ».

Le Giennois n’avait jamais eu l’occasion de venir dans la propriété des Riveroy auparavant. Une fois la porte principale dépassée, les bâtiments dégageaient une impression rassurante, celle d’une solidité simple mais raffinée. Kalwynn ouvrait grand son œil. N’apercevant plus aucune âme, il attacha Harpie à un banc de pierre blanche accolé à l’une des haies du labyrinthe végétal. Malgré le froid et l’humidité, il était émerveillé.

Il faut dire qu’il sortait peu, et ne se mélangeait guère avec ses concitoyens. A tel point qu’il aurait sûrement repris depuis un moment son existence errante, s’il n’avait pas trouvé de véritables amis au sein de l’Ost Orléanais. Un Ost qu’on lui critiquait lors de chacune de ses sorties en Taverne, mais où on l’avait accueilli mieux que n’importe où.

Et un Ost où une missive bien curieuse était venue le trouver…
Kalwynn n’avait plus reçu aucune nouvelle de ses parents depuis sa « fuite » de la maison près de vingt ans plus tôt. Et il avait tant vécu, bourlingué, voyagé depuis que cette époque lui paraissait appartenir à la vie d’un autre. Il n’en gardait d’ailleurs que des souvenirs parcellaires : une modeste maison aux murs noircis de fumée, une jeune mère constamment en pleurs, un beau-père qui jura un beau jour de le tuer…

Kal avait alors fuit, si coupable de lui abandonner sa mère, mais tellement insatiable de liberté, de ciel, de terre et de mer. Alors, certes, toutes les années qui suivirent ne furent pas roses. Mais c’est un homme fait, un rien ombrageux mais les yeux pleins d’étoiles, qui revint en Orléans.

Pauline Ombremer n’avait pas mis longtemps à le retrouver. Lui ne l’avait nullement reconnue pourtant, ce jour où il s’était tenu près de Nanozevich en la ville d’Orléans, sur l’estrade où ils furent apostrophés par la foule.

« Maman ». Ainsi avait-elle signé ses révélations. Ou plutôt c’est ce qu’avait noté le lettré qui avait rédigé le courrier. Kal doutait que sa mère eut jamais sut écrire, et le tracé était celui d’un membre du clergé, il aurait pu en jurer. Le second vélin d’ailleurs confortait cette théorie : sa mère n’était plus, et avec sa lettre étaient jointes ses dernières volontés, ainsi qu’une bague plutôt volumineuse.

C’était ce courrier mystérieux qui avait amené Kal à solliciter une entrevue auprès de dame Joshin.
Une démarche curieuse, qu’il n’aurait pas entreprise si le sujet ne concernait pas de près la famille Riveroy ou une maison homonyme. Certes, il cultivait à l’égard du Grand Maître des Faucons des sentiments plutôt ambigus : une admiration pratiquement dévote envers celle qui fut l’épouse de son parrain, une affection dissimulée derrière une bienveillance un peu maladroite… et une grande confiance qui aurait pu le pousser dans tous les cas à demander conseil.

Mais là, c’était plus que des conseils dont il avait besoin…

Il pénétra dans le bâtiment indiqué par le garde après avoir tapoté ses bottes sur le perron. Le fourreau de son épée lui battait la cuisse alors qu’il avançait vers une pièce derrière laquelle devait être entretenue une petite flambée, car un filet orangé perçait sous la porte. Kal défit son baudrier et le déposa à l’angle de celle-ci.

Puis il rejeta en arrière la capuche qui lui couvrait le visage, et toqua doucement…

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

On toqua doucement à la porte, et Joshin alla ouvrir. Elle avait hâte de savoir ce qui motivait cette visite, et espérait que ce ne fut pas une mauvaise nouvelle. La famille avait connu trop de drames, dernièrement, et elle aspirait à un peu de calme. :

- Entrez donc, messire Kalwynn, et venez vous asseoir. J'ai donné des ordres pour que l'on nous apporte des boissons chaudes dès votre arrivée.

Elle n'avait pas fini sa phrase qu'en effet une servante entrait et déposait sur la table une collation et des boissons. Elle la remercia d'un sourire, la congédia gentiment et invita Kalwynn à se restaurer. Elle ne voulait pas montrer son impatience, mais ne put s'empêcher de le presser un peu:

- Votre missive m'a surprise, je dois l'avouer, et j'espère que rien de fâcheux ne vous amène ici. Avez-vous quelque souci avec l'Ost? Il est vrai qu'en ce moment, tout n'y est pas aussi tranquille qu'on le souhaiterait....

Elle prit un biscuit et attendit avec un peu d'appréhension.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Dame Joshin, c’est toujours un grand plaisir de vous voir… j’ose ajouter, un plaisir rare hors des murs de la Caserne…

Kalwynn s’inclina devant l’épouse de feu son parrain, et s’assit en veillant à ne pas trop faire grincer le délicat fauteuil de ce joli salon.

Il remercia de la tête la jeune personne qui amena aussitôt des boissons chaudes, et sans un mot servit une tasse de tisane à Joshin, puis une pour lui-même.

Si le silence entre eux n’était certes pas inconfortable, ce fut son interlocutrice qui le rompit :

- Votre missive m'a surprise, je dois l'avouer, et j'espère que rien de fâcheux ne vous amène ici. Avez-vous quelque souci avec l'Ost? Il est vrai qu'en ce moment, tout n'y est pas aussi tranquille qu'on le souhaiterait....

Kal se renfonça légèrement dans le fauteuil…

Nul souci à l’Ost que nous n’ayons déjà eu l’occasion de partager. Non, le motif de ma venue est d’une tout autre nature…

Le Giennois avait eu tout le loisir, durant le trajet, de songer à la manière dont il amènerait son histoire… Mais maintenant, et bien qu’il fut parfois un orateur convaincant –du moins face à des soldats en ordre de bataille !- il doutait un peu de la pertinence de sa requête…

Il se jeta à l’eau :

Dame Joshin, nous nous connaissons maintenant un peu, depuis mon arrivée au sein de l’Ost à l’été 1458. Si j’ai eu l’occasion de partager beaucoup avec mes frères d’armes et vous-même, je suis en revanche généralement peu loquace pour ce qui concerne ma vie privée… même quand j’abuse de la Gienlain !

Kalwynn s’autorisa un maigre sourire pour détendre l’atmosphère, puis reprit :

Car pour tout dire, je sais peu de choses de mon enfance. Différentes raisons m’ont poussé à m’enfuir de la maison familiale étant gamin, pour apprendre à naviguer sur les gabares, puis les navires.

Ces voyages m’ont beaucoup apporté, mais j’ai souhaité au bout de quelques années retrouver mon duché d’origine, et je me suis installé un peu par hasard à Gien, dont j’ai rapidement intégré le fortin… la suite, vous la connaissez.

Néanmoins, j’ai reçu récemment le courrier suivant, qui semble provenir de ma défunte mère.

Puis-je vous proposer de le lire ?

Le visage crispé, Kal tendit à son hôte un modeste parchemin, et posa sur la console une lourde chevalière.

Citation :: Mon cher Kalwynn,

Quel malheur que mon souffle soit compté, alors que j’aurais tant à te dire.
J’ai cru défaillir en te reconnaissant à Orléans l’hiver dernier, dans les rangs de l’Ost.
Les questions se sont alors bousculées, même si je n’ai jamais douté qu’il s’agisse de toi… Quel âge avais-tu quand tu es parti ? Treize ans ? Et depuis combien de temps étais-tu rentré dans le Duché, si tu en étais même parti ?
Je n’ai jamais eu aucune nouvelle.

Ton départ m’a enlevé une partie de moi. Je ne t’en ai jamais voulu, que pouvais-tu faire d’autre face à ton beau-père ? Sa violence est d’ailleurs retombée dans les mois qui suivirent, et nous avons vécu « presque » heureux jusqu’à sa mort.

Tu le sais, il n’était pas ton véritable père. C’était pour cela qu’il ne supportait pas ta présence chez nous. Je n’ai jamais pu aborder ce sujet avec toi, mais je le fais maintenant, en espérant qu’il en sortira davantage de bien que de mal.

J’ai rencontré ton père à l’automne 1430. Il avait fait halte à l’auberge que tenaient mes parents… et s’était battu le soir même avec d’autres clients ! Il était grand et bien mis, pas vraiment beau, mais il inspirait une crainte mêlée de respect. Son charme m’a pris, il représentait tout ce à quoi rêve une gamine : l’aventure, le danger… Il faut croire que moi aussi, je lui ai plu. Car même s’il m’a avoué une existence précédemment consacrée au jeu et aux amourettes, il déclarait vouloir s’occuper de moi. A ta naissance, il est resté quelques jours près de nous, puis est parti un soir en promettant de revenir. Il devait récupérer une importante somme qu’on lui devait, disait-il. Il m’a laissé une cinquantaine d’écus, et une chevalière marquée des armes de sa famille.

Il s’appelait Tancrède. Tancrède de Rivesroy. J’ai appris quelques jours plus tard qu’il avait été tué en duel, pour une sombre histoire de dettes de jeu.

J’étais anéantie. Mes parents ont donc pris soin de toi et de moi, avant qu’un nouvel homme n’entre dans ma vie. Celui-la même qui t’en a chassé.

Je n’arrête plus de tousser, et me sens faiblir. Je confie l’écriture de cette lettre au fils d’un ami, qui est diacre et que tu pourras venir trouver en cas de besoin. Il joindra à ce courrier la chevalière laissée par ton père.

J’aurais aimé te revoir.

Maman

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Elle avait écouté en silence, sans un geste, sans même un tressaillement. Pourtant, la nouvelle était d'importance. Lorsque Kalwynn eut fini de lire la lettre, elle se leva et alla se poster près de la fenêtre. Son regard parcourut sans le voir le paysage qu'elle connaissait bien, et elle s'efforça de mettre de l'ordre dans ses pensées,
Elle connaissait bien Kalwynn. Son intégrité et sa droiture ne faisaient aucun doute pour elle. Donc, il n'y avait nulle imposture. Décidément, la famille de feu son époux n'en finissait pas de l'étonner. Elle revint s'asseoir et parla lentement, pesant ses mots:

- Je suis sûre que vous comprenez ma surprise, et que vous comprenez aussi que j'aie besoin d'un petit moment pour bien comprendre ce que vous m'annoncez là. Je tiens à vous dire en premier lieu que j'ajoute foi, bien entendu, à ce que vous me dites: il ne saurait en être autrement.
Je n'ai pas connu Tancrède, mais Arfast m'avait un peu parlé de lui. Pas nécessairement en bien, je dois le confesser. Il semble avoir eu une vie aventureuse, qui n'était pas du goût de sa famille.

Vie aventureuse lui semblait un joli euphémisme... S'en aller faire des enfants et les abandonner à leur sort... Mais elle chassa ces pensées peu charitables: qui sait ce que lui avait réservé la vie, à cet homme parti pour des horizons plus lointains? Comme si elle voulait se faire pardonner ses pensées, dont pourtant il n'avait sans doute pas la moindre idée, elle sourit à Kalwynn:

- Vous avez eu vous-même, d'après ce que vous me dites, une vie assez mouvementée aussi. Il est bien rare que les vies soient de longs fleuves tranquilles, c'est trop souvent des torrents impétueux qui nous emportent au gré des évènements, et croyez-moi, je sais de quoi je parle.
Mais il était question aussi d'une chevalière, m'avez-vous dit. Sans doute celle que vous avez posée sur la table. Puis-je la voir?

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Manifestement gêné, Kal sourit à son tour, un peu tristement.

Pour tout vous dire, je ne suis pas certain, moi non plus, de vraiment comprendre.
Que dois-je penser de ces révélations ?..

Le Giennois cueillit la chevalière, se leva et vint la présenter à son hôte, qui se tenait près de la fenêtre.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Elle prit la chevalière, et l'examina attentivement, masquant ainsi son émotion. Puis elle la rendit à Kalwynn, et murmura doucement:

- Si quelque doute avait pu effleurer, ce qui, je le répète, n'est aucunement le cas, ce bijou qui porte les armes de la famille de mon époux suffirait à le lever. Votre mère a eu raison de vous le faire tenir.

Sa pensée s'attarda un peu sur le destin de cette femme inconnue, qui aurait pu et du être de sa famille, si les choses avaient tourné autrement. Peut-être, à un moment quelconque de sa vie, avait-elle eu envie ou besoin de ce séparer de ce bijou, qui avait une certaine valeur. Peut-être avait-elle vécu dans l'espoir que son fils reviendrait un jour, et qu'elle pourrait tout lui expliquer. Son émoi à le revoir, alors qu'elle se savait malade, avait dû être bien grand...

- Je crois qu'il nous faut sans tarder informer mon neveu de cet évènement. C'est lui maintenant, en attendant la majorité de mon fils, qui est le chef de famille. Nul doute que le connaissant, et sachant l'estime dans laquelle il vous tient, il ne se réjouisse, comme je le fais, d'apprendre cette nouvelle.

Elle appela la jeune servante, et l'enjoignit d'aller demander à Atol de venir les rejoindre, si ses occupations le lui permettaient. Ses relations avec son neveu étaient, le Ciel en soit loué, suffisamment affectueuses pour faire fi du protocole. Qu'en serait-il avec ce nouvel arrivant dans la famille? Et à ce moment-là, une pensée la frappa: et qu'en pensait, en fait, Kalwynn lui-même? Elle avait pour habitude de parler clair, et c'est ce qu'elle fit sans réfléchir plus avant:

- Comme vous le voyez, je tiens pour acquis que, d'une façon tout à fait inattendue, vous devriez faire partie de cette famille. Mais vous-même, le souhaitez-vous? En dehors du choc que peuvent vous apporter les révélations de votre mère, et que je comprends fort bien, puisqu'elles vous apportent des précisions sur celui qui fut votre père et que vous n'avez pas connu, comment envisagez-vous l'avenir?

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kal recueillit la bague dans sa large paume, la regarda quelques instants de son œil valide. Il releva le regard vers Joshin.

Chère Joshin, vous m'annoncez sans doute les nouvelles les meilleures parmi toutes celles auxquelles j'aurais pu m'attendre.
J'ai imaginé que Tancrède pouvait être issu d'une famille homonyne, ou bien s'avérer un fils renié, un imposteur...
Or je découvre la perspective de retrouver des parents, moi qui suis resté seul durant plus de la moitié de ma vie !
D'ailleurs l'Ost représente ce que j'ai rencontré de plus proche d'une famille lors de ces quinze dernières années, ce qui explique mon attachement à celui-ci !

Pourriez-vous m'aider à situer Tancrède dans la généalogie des Rivesroy ?
Quel était son lien avec mon Parrain Arfast ?

L'oeil de Kalwynn brillait de joie à l'évocation de son parrain, et du mot "famille".

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Les yeux de la jeune femme se fermèrent un instant, à l'évocation d'Arfast, et une ombre passa sur son visage. Elle se reprit:

- Oui, l'Ost a été souvent ce qui pouvait le mieux s'apparenter à une famille, et c'est là que je me suis réfugiée lorsque je me suis retrouvée seule. Sinon, je ne sais ce que je serais devenue. Mais il est vrai que tout change, et je suis quelque peu soucieuse à ce propos: je croyais que votre venue se rapportait aux récents évènements. Il n'en est rien, et ce sont de bien meilleures nouvelles qui motivent votre venue.

Elle regarda le soldat et sourit:

- Lorsqu'Arfast vous a proposé son parrainage, il était loin d'imaginer que finalement, c'était un rôle qui lui était dévolu de droit! Vous me demandez quelques explications sur la famille Riveroy, je crois qu'un bon document vaut tous les discours. Et si vous me permettez de m'absenter un court instant, je vais vous chercher ce document.

Elle s'en fut d'un pas pressé dans la Chambre des Archives, et revint peu après, avec un parchemin établi avec grand soin par son beau-frère Thalor. Il n'était pas aussi complet qu'on aurait pu s'y attendre, et Arfast parlait toujours de le mettre à jour, sans jamais en trouver le moment opportun. Mais ses explications avaient été suffisamment claires pour que tout s'enchaînât parfaitement. Elle posa le document, et invita Kalwynn à le consuler, tout en ajoutant ses commentaires:

- Vous le voyez ici, Charles, père d'Arfast, et Tristan étaient frères. Tristan et son épouse Alnya ont eu un fils, Tancrède, dont la naissance n'est pas reprise sur ce document. Comme je vous l'ai dit, il s'est tenu, de par son comportement, à l'écart de la famille. Je regrette d'avoir à le dire, s'agissant finalement de votre père. Mais les péchés des pères ne retomberont pas sur les enfants, quoi qu'on en dise.

Elle eut un rire léger et poursuivit:

- Arfast et votre père étaient cousins germains. Voilà le lien de famille qui vous lie en définitive à votre parrain. Et bien sûr, au risque de me répéter tant et plus, sachant l'estime dans laquelle il vous tenait, nul plus que lui n'aurait pu se réjouir de vous savoir de son sang. C'est une famille honorable que la famille des Riveroy, et je suis fière d'avoir été choisie pour en faire partie. En aucun moment, je n'oublie le nom que je porte et ce que celà représente d'honneur et de droiture.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kal décelait une lueur de chagrin dans les yeux de Joshin dès qu'il évoquait son parrain, et il s'en voulu d'avoir questionné son hôte avec aussi peu de pudeur. Les doigts tambourinant sur ses genoux, il avait entendu avec impatience le retour de son officier supérieur, qui était réapparue munie d'un arbre généalogique joliment enluminé.

Le Giennois écouta presque religieusement les explications de Joshin. Puis il garda le silence un long moment, laissant juste son doigt suivre chacune des ramifications de l'arbre familial.
C'était inattendu, complètement fou. Et pourtant, c'était là.

Au souvenir, assez fragmenté, de sa mère, vint s'ajouter celui, beaucoup plus net, de son parrain.
Kal songea à sa vie, à ces autres vie qu'il avait croisées, à ses voyages et ses errances... et perçut une sensation bizarre tenter de l'envahir, un picotement ténu au coin de l'oeil...
Diantre, il n'allait tout de même pas pleurer comme un enfant devant une telle femme !

Il se reprit et planta son regard dans celui de son hôte.

Chère Joshin, je reste sans voix, je le crains.

Néanmoins, et s'il s'avère que je suis une petite pièce lointaine de la famille Rivesroy, sachez que cette idée m'enchante autant qu'elle m'honore, et que je me languis d'en savoir plus sur mes ancêtres !

Une joie quasi enfantine se lisait sur le visage, d'ordinaire affichant une expression plutôt dure, du Maitre de Front.

Seigneur Messages : 113 Date d'inscription : 03/08/2010

C’est à cet instant précis que le riveroy entra dans la pièce ou se trouvait sa tante vénérée et une surprenante visite.
Il s’approcha, fit un doux baise main à sa tante histoire de l’agacer gentiment puis alla saluer son maitre de front est.

Imaginez-vous qu’un page affolé, haletant a osé me réveiller pendant mon trav… ma sieste.
Celui-là il va finir avec le garde à l’entrée, pfffffffff.
Mais…vous faites quoi vous deux ? Vous montez une tactique militaire novatrice ou quoi ?
Et en plus en buvant une bonne liqueur…le tout sans me prévenir…je vois, on sirote la réserve du domaine en douce.

Il se mit à rire de façon assez intense vocalement.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Joshin vit que l'émotion gagnait Kalwynn, et elle se demanda quelle aurait été sa propre réaction, si elle avait retrouvé ainsi, du jour au lendemain, une famille inconnue. Nulle chance que celà ne lui arrive, la seule famille qu'elle aurait jamais serait celle de son époux, mais elle pouvait imaginer les questions que celà pouvait susciter.
Elle s'apprêtait à dire à Kalwynn qu'elle lui conterait toute l'histoire qu'elle connaissait lorsque la porte s'ouvrit et que son neveu entra. Elle sourit avec indulgence, se demandant si les hautes fonctions qui étaient maintenant les siennes lui enlèveraient un peu de ce coté facétieux qui le faisait ressembler à un éternel gamin.

- Mon neveu, ton som... ton travail devait être bien prenant, et tes yeux bien fatigués par la lecture de quelque parchemin pour tu aies cru voir un page. Il est vrai que ma servante est bien jeune, et on pourrait parfois croire que c'est un garçon manqué, mais quand même...

Elle servit Atol, et l'invita à s'asseoir.

- Je t'ai demandé de venir, Atol, parce que la visite de messire Kalwynn nous touche de beaucoup plus près que n'importe quelle tactique militaire. Ce qu'il avait à me dire changera peut-être quelque peu notre vie, car il s'agit d'un bouleversement dans notre famille. Un de plus. Mais un bouleversement heureux, j'en suis sûre. Je laisse d'ailleurs Kalwynn te dire ce qu'il en est.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

L'entrée du chef de famille permit à Kal de se remettre de son trouble, et il sourit malgré lui devant l'espièglerie et l'humour du nouveau capitaine.

Le Giennois s'était levé à l'entrée d'Atol, lui adressant un salut militaire fort réglementaire... puis il donna tout de même l'accolade à son collègue au sein des Faucons... on n'était pas des bêtes, crénom !

Une fois que tout le monde fut de nouveau assis, Kalwynn reprit son explication à la demande de Joshin.
Il évoqua de nouveau sa jeunesse, la mort récente de sa mère et le courrier "posthume" qu'il avait reçu, la mention qui y était faite quant à l'identité de son père...
Il produisit alors devant Atolchamb le courrier en question, qu'il fit lire au capitaine, et exhiba la chevalière.

Une fois cela fait, il attendit la réaction d'Atol, qui pour l'heure était en train de parcourir la fameuse missive écrite à l'encre rouge sombre.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Elle écoutait les deux hommes, et pendant qu'Atol lisait soigneusement la lettre de la mère de Kalwynn, elle pensait, une fois de plus, que rien n'était jamais vraiment innocent dans la vie, et que les voies du Très-Haut étaient impénétrables.
Une sympathie instinctive s'était établie avec Atol, lorsqu'ils l'avaient connu en Provence. Ce n'est que plus tard qu'il s'était avéré que le jeune homme était en fait le neveu d'Arfast, et les époux Riveroy avaient pensé qu'un sixième sens les avait peut-être alertés.
Et maintenant, Kalwynn. Elle se souvenait de son baptême la caserne. Il était un soldat sérieux et droit, et elle avait suggéré à son mari de lui proposer de le parrainer. Elle savait le rôle important que les parrains et marraines devaient tenir tout au long de la vie de leurs filleuls. Elle regrettait souvent que son parrain ne se fut pas trouvé là aux moments importants de sa vie: elle le croisait parfois en caserne, et il lui témoignait... comment dire? une neutralité bienveillante... Voilà, c'était bien le terme qui convenait. Et sa marraine, partie vers un monde meilleur, lui manquait toujours beaucoup. Bref, son mari avait écouté ses conseils, et il était devenu le parrain de Kalwynn. Là aussi, pouvait-on parler de coïncidence? Ce filleul était en fait son cousin... Non, rien n'était innocent.
Elle se leva, et versa à boire aux deux hommes. Puis elle attendit en silence les commentaires d'Atol.

Seigneur Messages : 113 Date d'inscription : 03/08/2010

Le chef de famille, lu et relu la lettre que kalwynn venait de lui tendre. Un petit regard a sa tante vénéré et une énorme pensée de ce qu’aurait pensé son oncle arfast en pensant à cela.
Son oncle lui manquait, mais le riveroy savait que de la haut, il était fier de son neveu car la famille perdurai et que celle-ci était à nouveau dans le registre des familles de la noblesse orléanaise.
C’est alors qu’il prit en main le scel des riveroy que portait kalwynn.il l’a mis pour rigoler dans la poche de son mantel et se contenta d’un :

Ah mon cher kalwynn ; bienvenu dans la famille, tu apprendras que tout ce qui est à toi est à moi.

Le dénommé boulet ducal ricana à haute voix avant de redonner la bague a son propriétaire.

Alors comme ça, du sang riveroy coule dans tes veines….tu vois je n’en doutais pas, tu avais les qualités d’un bon soldat et je sens en toi de l’ambition.
Donc pas de doute, bienvenu chez toi, et montre toi digne de porter dorénavant le nom de kalwynn de riveroy.

Atol s’approcha de kalwynn et lui fit le signe de salutation riveroy suivi du geste :

Prouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuttttttttttttttttttttttttttttt !!!!! Voilà ton premier bisou familial mon cher, ça sera pas le dernier.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kal reçut avec un grand plaisir mais également un brin d'ébahissement le baiser -mouillé- de bienvenue du chef de famille. L'enthousiasme un rien excentrique d'Atol en toutes circonstances l'amusait autant qu'il le surprenait, et le Giennois guetta avec un mince sourire la réaction de Joshin.

Plutôt perdu, il rendit l'accolade au capitaine.

Cher Atol, chère Joshin, je vous remercie pour l'accueil et la confiance que vous m'offrez. Je pense qu'il nous faudra un peu de temps, à tous, pour complétement réaliser tout ceci...

Un sourire illumina son visage.

Si vraiment je suis un Riveroy, j'espère me plonger sans tarder dans les archives de la famille, pour mieux la connaître.
Et pouvez-vous me dire ce qu'implique cette subite entrée dans la famille ? Dois-je arborer un blason, apprendre une devise, déménager ?..

Des bras, il fit un geste vague qui indiquait à quel point il avait besoin de conseils en ce instant.

Enfin, j'ai une requête à poser au chef de famille. Malgré ma fuite à l'adolescence j'admirais beaucoup ma mère, aussi je voudrais pouvoir accoler son nom à celui de mon père. Cela donnerait... Kalwynn Ombremer de Rivesroy.

Est-ce que cela vous semble envisageable ? Puis-je dorénavant me présenter de cette manière ?

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Elle regarda, amusée et indulgente, son neveu bisouiller Kalwynn. Elle pensait souvent qu'il resterait toujours, au fond de son coeur, et quels que soient ses grades et ses postes, un grand gamin facétieux et rieur. Elle remarqua la surprise à peine voilée de Kalwynn et pensa qu'il n'était sans doute pas au bout de ses étonnements avec celui qui était, aussi incroyable que celà puisse paraître, son cousin. Cousin au deuxième degré, certes, mais cousin quand même. Et justement Kalwynn parlait de la famille.

- Atol vous donnera les clefs des salles des archives, où vous pourrez consulter tout à loisir tout ce qui concerne votre famille. Il y a là quelques documents, établis pour la plupart par votre parrain et son frère, mais vous y trouverez une histoire assez complète des Riveroy, depuis leurs débuts, bien loin d'ici. La devise de la famille est "Riveroy ma Foy", et la devise du chef de famille "Dominus domi", ce qui correspondait bien au caractère de votre parrain, qui s'est toujours voulu être seigneur chez lui.

Elle se leva, alla à la fenêtre, regarda ce paysage qu'elle connaissait si bien, et sans s'attarder, revint s'asseoir:

- Bien entendu, votre arrivée soudaine, et tout ce qu'elle implique, me prend un peu de court, et je suppose que vous le comprenez. Vous parlez de déménager. Sachez qu'ici, dans ce domaine, vous êtes chez vous. Et je suis sûre qu'Atol sera d'accord avec moi pour que l'on vous affecte un corps de logis où vous pourrez aménager votre résidence personnelle, où vous viendrez lorsque vous le souhaiterez. En attendant, ma propre habitation vous est largement ouverte, et si vous le souhaitez, je ferai préparer une ou deux pièces à votre intention.
Et enfin, pour répondre à votre dernière question, je trouve que le souci que vous avez de conserver le nom de votre mère est très louable. Nul doute qu'elle serait heureuse de vous voir porter fièrement son nom avec celui de votre père.

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